La danse macabre de l'église de Kernascléden
© OTPRM

La danse macabre de Kernascléden : un véritable trésor dans un écrin majestueux au Pays du roi Morvan

Si ce thème était très prisé au Moyen Âge, actuellement, il ne reste plus que deux danses macabres en Bretagne. Dans la superbe église Notre-Dame de Kernascléden, on peut encore admirer une de ces farandoles terrifiantes.

Notre-Dame de Kernascléden, la “Reine des chapelles de Bretagne”

Un peu d’histoire

La construction de la chapelle Notre-Dame de Kernascléden commence vers 1420, alors que la Bretagne vit son âge d’or, et s’achève en 1464. Elle est édifiée grâce aux dons de généreux mécènes, les Rohan et le duc de Bretagne. Leurs armes visibles sur les clés de voûte nous prouvent que la chapelle a bien reçu leurs bienfaits. Elle est élevée, probablement à l’emplacement d’un édifice plus ancien,  sur un terrain offert par les Rohan

La chapelle dépend, tout d’abord, de la paroisse de Saint-Caradec-Trégomel. Elle devient église paroissiale en 1908.

© L'Oeil de Paco

La chapelle aux 100 clochetons

Nommée chapelle aux 100 clochetons, parfois 1000… peu importe le nombre, Notre-Dame de Kernascléden mérite bien son surnom de “Reine des chapelles de Bretagne”.

C’est un des plus beaux exemples d’art gothique flamboyant en Bretagne. Elle possède toutes les variétés de décor de ce style : les pinacles, la balustrade , la rose, les clochetons, les gargouilles… Ici, tout semble plus soigné, plus orné, plus riche que dans bien des chapelles et pourtant sans surcharge. Les deux porches, celui des hommes et celui des femmes, montrent un réel souci de  perfection dans la finesse des détails comme, par exemple, dans les motifs de feuillage. C’est une véritable dentelle de pierre sculptée dans le granit. Le clocher qui s’élève élégamment vers le ciel accentue encore la richesse du décor extérieur. 

Tout est élancé, délicat et harmonieux. La légèreté et la noblesse de l’ensemble donnent un charme incomparable à cette église. 

A l’intérieur, des voûtes en pierre couvrent tout l’édifice. Cette particularité distingue déjà l’église Notre-Dame de Kernascléden  des autres monuments de la même époque. La charpente restait, en général, apparente. 

La voute de l'église de Notre-Dame de Kernascléden
© E. Berthier

Une très belle légende

Une si belle chapelle ne pouvait que s’accompagner d’une très jolie légende… Celle-ci relie l’église de Kernascléden et la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Distantes d’environ 15 kilomètres, elles furent construites à peu près à la même époque.

La légende raconte que les ouvriers étaient nombreux sur ces deux chantiers et que, malheureusement, les outils manquaient à beaucoup d’entre eux. Aussi, les anges qui veillaient sur ces deux constructions pensèrent qu’un groupe d’ouvriers pourrait travailler pendant le repos du second. Pour ce faire, ils transportaient les outils par voie céleste d’un chantier à l’autre.

La danse macabre, entrez dans la ronde…

Dans cette église, on ne remarque pas seulement l’architecture mais aussi les sculptures et surtout les peintures… 

La danse macabre : un chef d’œuvre terrifiant

Une danse macabre dépeint le triomphe de la mort. Dans cette représentation, fréquente au Moyen Âge, on voit la mort entraînant dans une même danse des squelettes et des êtres humains. La mort ne regarde ni le rang ni la richesse. Tout le monde est sur un pied d’égalité : pape, empereur, simple prêtre, chevalier, médecin, marchand, paysan… hommes, femmes, enfants… Personne ne lui échappe !

Le message est très simple : la vie est éphémère, tous les hommes mourront, chacun doit vivre de façon responsable et pieuse en toute simplicité et humilité. C’était un avertissement pour les puissants et un réconfort pour les plus pauvres car la fin sera la même pour tous. Quelle jolie leçon de morale !

À Kernascléden, la frise, abîmée par le temps qui passe, n’est plus complète. On distingue tout de même différents personnages et des squelettes qui les prennent par la main. C’est une des deux danses macabres qui subsistent encore en Bretagne actuellement.

Une partie de la danse macabre de Kernascléden
© OTPRM

Les beautés du Paradis…en musique !

Des anges musiciens d’une rare splendeur

Toutes les peintures de l’église Notre-Dame ne sont pas, heureusement, aussi intimidantes. Quatre des compartiments de la voûte évoquent la douceur du paradis. Dans ces peintures réalisées par un artiste différent de la danse macabre ou de l’enfer, l’incroyable maîtrise du dessin laisse supposer que le peintre était issu de la cour royale

Sur chaque panneau, on peut voir deux anges, l’un jouant d’un instrument de musique (viole, tambourin, harpe et rebec), l’autre déroulant un parchemin sur lequel figurent des portées et des notes.

Kernascléden “vaut bien une messe” !

Il y a quelques années, Ursula Günther, musicologue allemande, a étudié les partitions de ces parchemins. Elle a constaté qu’il s’agissait de véritables airs de musique. Leur retranscription a permis de découvrir une messe complète qui a été interprétée depuis. 

Les spécialistes parlent désormais d’une “messe de Kernascléden” comme celles de Barcelone ou de Toulouse. 

© OTPRM

Un formidable ensemble de peintures murales

Le plus spectaculaire se situe dans le chœur et sur la voûte où un extraordinaire ensemble de peintures murales a gardé de très belles couleurs malgré le temps qui passe et le climat. Il se divise en deux parties. Huit scènes représentent la passion du Christ et sa résurrection. Vingt-quatre scènes reprennent la vie de la Vierge Marie, de sa conception à son couronnement. L’artiste a dû déployer tout son talent pour travailler dans l’espace étroit réservé à chaque panneau. On est loin d’une toile rectangulaire !

Ces scènes ont beaucoup influencé le peintre et historien de l’art Maurice Denis (1870-1943). Il dira même, qu’il y a là “un des ensembles les plus complets, les mieux conservés et les plus caractéristiques de la vieille peinture française”. On le croit volontiers.

© OTPRM

Une visite s’impose à l’église Notre-Dame pour admirer toutes ces merveilles. Pourquoi pas à l’occasion du pardon de Kernascléden le 15 août ? Cette fête traditionnelle qui se déroule en journée ne dérange pas les locataires des combles de l’église : une colonie de chauves-souris ! Tout ce qu’il faut savoir de ces petits animaux, un peu effrayants pour certains mais tout de même moins que l’enfer ou la danse macabre, est parfaitement expliqué à la Maison de la Chauve-souris.

Dernier conseil : Kernascléden se découvre aussi en jouant. L’enquête “Le secret de l’Ymagier” est un jeu d’énigmes palpitant à se procurer à l’office de tourisme !

A voir également

Inspirations et belles expériences !